Avec son premier EP Issemou, sorti chez InFiné le 7 avril 2023, Cindy Pooch dévoile une folk hybride, nourrie de gospel et de chantspolyphoniques
Dans une esthétique expressionniste et minimaliste, Cyndy Pooch, artiste franco-camerounaise, propose Issemou, EP de cinq titres portés par sa voix qui oscille entre intensité émotionnelle et légèreté mélodique. Empreints d’une rare poésie, ses textes abordent des thématiques fortes, porteuses de doutes et de questionnements autant que de certitudes musicales…
Issemou
Sorti chez Infiné, le EP s’ouvre sur le track éponyme, Issemou, « C’est un questionnement. Un doute. C’est la nécessité de s’affranchir des peurs qui font vivre en antagonisme l’ombre et la lumière. C’est aussi une envie ardente de réaffirmer une confiance en la dualité, omni présente ». Au centre de la composition, on trouve la voix à la fois délicate et poignante de Cindy Pooch, accompagnée par une production aérienne et mélancolique où s’entremêlent sonorités organiques (piano, guitare sèche), voix traitées et sound designs discrets. In Nomine Corpus s’ouvre sur une véritable pulsion de vie, « je veux dire des choses avec ce corps ». Un lamento qui dit l’urgence de se débarrasser des jougs, comme une réponse à une sensation violente d’étouffement. A la fois épurée et complexe, la chanson prend la forme d’un a capella où plusieurs enregistrements de la voix de Cindy viennent s’harmoniser et se répondre, portés en fond par un chant lyrique et spectral qui vient arracher quelques frissons en conclusion du morceau.
O se yatè, « que dis-tu ? », en langue banen, est une interrogation sur la façon dont on parle d’amour, dont on regarde l’amour… Une ode à la poétique amoureuse, portée par un arrangement minimaliste fait de progressions harmoniques et de ruptures. Le Sang commence par une introduction ambient, abyssale et inquiétante. Pour la première fois sur cet EP, la production se teinte d’électronique, alors que l’artiste aborde avec une certaine poésie douce-amère le sujet complexe des liens du sang, dont on peut décider qu’ils ne disent rien de nous « C’est l’idée que l’on peut s’émanciper pour définir nos propres structures, malgré le sang partagé, transmis. L’existence précède le sang ». Pas t’écrire de chanson « parle d’une impossibilité à dire l’autre, à verbaliser précisément l’endroit où l’autre, dans son altérité, crée en nous un mouvement, un émerveillement, une transformation ».
Réalisé par Julien Oska Colardelle en marge du festival Nyege Nyege, Le clip du morceau Issemou est une déambulation dans les rues de Kampala en Ouganda. C’est aussi une porte d’entrée dans le monde artistique de Cindy, jonché d’intuitions et de contrastes : « Issemou (lumière, en langue banen) est né de l’obscurité, un soir d’errance dans les rues de Yaoundé, alors que la ville était plongée dans le noir, suite à un délestage électrique. C’est un questionnement. Un doute. C’est la nécessité de s’affranchir des peurs qui font vivre en antagonisme l’ombre et la lumière. C’est aussi une envie ardente de réaffirmer une confiance en la dualité, omniprésente. »
Cindy Pooch
Née en France, Cindy Pooch grandit au Cameroun avant de s’installer à Lyon pour suivre des études littéraires, tout en développant sa passion pour la musique. Que ce soient les chants polyphoniques des chorales ou le Gospel, cette chanteuse et compositrice autodidacte et curieuse s’inspire de littérature et brille déjà dans d’autres projets aux influences rythmiques diverses, comme les groupes de maloya Ti’kaniki et An’pagay pour ne citer que les principaux. Enrichie de ces nombreuses expériences, elle s’est lancée dans l’écriture et la composition de ses propres morceaux pour constituer son premier album. Une erreur d’adresse mail a créé une rencontre, celle avec InFiné, puis la connexion avec celui qui a accompagné les premiers pas de la chanteuse Camille, Seb Martel, qui réalise le premier album de Cindy Pooch.
