The Killing of Eugene Peeps, c’est la bande originale d’un film imaginaire de Bastien Keb, qui signe ici un brillant troisième album
En 2015, Bastien Keb sort Dinking in the Shadows of Zizou, une production faite de ballades qui n’en sont pas tout à fait, avec des instrumentaux oniriques, dans un registre downbeat, d’inspiration funky, mais pas trop… S’en suit des remixes puis 22.02.85, un deuxième album plus granuleux, et plus coloré. Le 9 octobre 2020 sort The Killing of Eugene Peeps, un troisième opus au format bande originale d’un film tout droit sorti de son imaginaire. Séduit par le disque, le journaliste John Lewis (The Guardian) fait référence à l’incursion proto-trip-hop de Serge Gainsbourg et de Jean-Claude Vannier, et aux partitions de Bernard Herrmann. Il est vrai que Main Title, en ouverture de l’album, sonne comme un écho familier au thème de Taxi Driver…
Bastien Keb fait son cinéma
The Killing of Eugene Peeps, c’est la musique d’une partition imaginée pour un film qui n’existe que dans l’esprit de Keb. C’est une ode à Giallo, aux films policiers des années 70 et au cinéma français de la nouvelle vague.Keb y prolonge son épopée musicale constituée de folk psychédélique et de soliloques mutants… Conçue, composée, interprétée et produite par l’artiste dans sa chambre studio, la musique de cet album ruisselle au grès des mots et des voix issues de paysages oniriques où, comme à son habitude, Keb sème ses galets de nostalgie, au cas où l’on perdrait sa trace. Le disque compte aussi quelques contributions avec des collaborateurs de longue date, comme le rappeur Cappo basé à Nottingham, le narrateur Kenneth Viota, et les pochettes d’album de l’artiste Will Morrison, qui travaille avec Keb depuis plusieurs années.
Nous avions interviewé Bastien Keb pour la sortie de son premier album, Dinking in the Shadows of Zizou (2015). Nous étions alors certains que ses prochains travaux allaient nous ravir tout autant, et que son processus de création pouvait rassurer de nombreux producteurs en proie au doute quant à la qualité des productions issues de la pénombre de leur home studio. Qu’aurions nous à ajouter à propos de cette nouvelle œuvre du multi instrumentiste (guitare, trompette, basse, batterie, piano, flûte…) qui soigne sa voix avec des effets et qui voue une admiration sans borne pour The Impressions et The Delfonics ? Peu de choses, si ce n’est « écoutez-le, c’est super », ou encore « bravo, et merci pour le film ! »